Un petit apercu du travail effectué avec passion pour rajeunir ce garde temps
Il s'agit d'une très belle montre de bord automobile qui illustre cette page. Cette montre de bord, encore appelée pendule de bord, a sa place sur une planche de bord de voiture.
Probablement une voiture d'entre deux guerres, voire antérieure.
Cette montre est apparemment en bon état cosmétique, mais son démontage va révéler une usure excessive de presque tous les points de pivotement des rouages.
Je dépose le mouvement pour commencer :
Je dépose le mouvement pour commencer, j'ote les aiguilles et le cadran, puis les premiers rouages d'entrainement de l'arbre de barillet.
Je dépose le pont principal recouvrant la minuterie et le barillet, et là, mauvaise surprise. Il y a beaucoup de dégats et une sorte de cambouis collant sur les pièces.
On remarque de suite que le trou de pivotement de l'arbre de barillet a été déterioré lors d'une précédente révision.
Sans doute l'horloger de l'époque n'a pas souhaité refaire le trou ovalisé et a préféré poinçonner les parties ovalisées plutôt que d'usiner un insert en laiton adéquat.
Et ce n'est pas tout, il en est de même de presque tous les trous de la platine principale !
On remarque un système très simple de limiteur d'effort lors du remontage du ressort, analogue à celui qui équipera presque toutes les montres automatiques quelques décennies plus tard :
Voici le pont nettoyé avec un gros plan sur le trou déterioré :
Je vais commencé par refaire ce trou. Pour cela, je perce - centré dans l'axe de pivotement initial - et je pose un rubis :
Les trous se trouvant en vis à vis sur le pont sont eux aussi à refaire :
Je vais maintenant procéder à la rénovation du trou de l'arbre de barillet sur le pont. Pour cela, j'usine un insert en laiton, encore appelé bouchon, qui sera aux bonnes cotes, avec un léger biseau comme d'origine (cf. plan côté en bas des deux premières photos ci-dessous). Ce bouchon sera ensuite rodé avec de la pate et l'arbre afin d'avoir une surface impeccable.
Afin de procéder à la pose de l'insert, je suis contraint de fabriquer un tasseau de pose. En effet, je n'en trouve pas de la bonne dimension dans l'assortiment de ma presse à cause de certaines contraintes dimensionnelles de la surface d'appui. Le tasseau est usiné dans du cuivre et sera ensuite argenté pour le protéger dans le temps.
Voici l'insert posé et bien ajusté en hauteur :
Je continue le travail et je pose un nouveau rubis sur la platine principale...
... puis un autre sur le pont...
Et maintenant je m'attaque à un autre gros morceau : le trou de pivotement inférieur de l'arbre. Il est cylindrique et dépasse fortement. Il faut le refaire à identique, bien ajusté aux cotes précises, et le poser à la presse.
Voici le croquis qui me sert pour tourner la pièce :
Voici la pièce en place :
Et me voici en train de procéder au rodage - analogue à un rodage de soupape sur un moteur automobile :
Voici l'arbre en place dans ses deux orifices refaits à neuf !
Il aura fallu plusieurs jours de travail pour en arriver là...
Je pose le dernier rubis sur le pont :
Voici le pont en place, avec chaque rubis ajusté en hauteur :
Il a meilleure allure que lors du démontage :) Il est prêt à reprendre du service :
Je repose les rochers que j'ai au préalable repolis pour l'esthétique car ils présentaient des traces d'oxydation.
Je repose ensuite le cliquet et sa platine, puis je m'occupe du balancier...
... et là, nouvelle déception, je m'aperçois que le rubis d'origine du pont de roue d'échappement est abimé : il y a un éclat sur sa face inférieure. Je dois donc procéder à son remplacement.
Nous sommes au bout du tunnel. La suite du remontage sera sans difficulté.
La voici toute pimpante :
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Vous pouvez également retrouver cette restauration sur mon site horloger professionnel, www.atelier-horloger.fr